Héros de CRISPR... Fables diaboliques
CRISPR-cas9 est une nouvelle méthode d'édition de l'ADN; elle ouvre des perspectives techniques et industrielles inédites: lire cet article du Monde. C'est le sujet à la mode. Et, déjà, l'objet de controverse.
Qui peut breveter ? Qui peut prétendre au prix Nobel?
Toute ressemblance avec la question débattue de Qui a découvert le virus ? Qui peut breveter le test correspondant ? Les 'Nobels' écrasent les non-Nobel de leur notoriété ? Toute ressemblance... N'est pas fortuite. L'histoire se répète ...
On se rappelle que Paris (J. Chirac...) avait osé tenir tête à Washington et obtenir un deal.
Les temps où Paris était audible sont révolus...
La guéguerre explose dans l'espace public par une apologie historique publiée dans CELL par le Pr. Eric Lander, excellent pédagogue et grand inspirateur de projets, boss du BROAD institute, gros machin plein de fric, à Harvard. La version gratuite, complète, est disponible dans mon dossier bibliographique complet, que l'on peut télécharger ici. Dans "généralités".
La controverse: pour simplifier, CRISPR est génial car:
- c'est l'applicable à l'homme, donc Zhang (Harvard) mérite Prix Nobel et brevets
- c'est applicable à tout, donc Doudna et Charpentier méritent Nobel et brevets
Hier, recherche de base Européenne. Aujourd'hui, guerre de brevets entre Berkeley et Harvard.
La tentation est grande d'écrire l'histoire, à sa façon, et de réduire au silence les précurseurs.
Cela nous rappelle comment pour arriver à un consensus sur le Nobel (VIH), il aura fallu en écarter quelques-uns. Leibowitch a laissé des témoignages intéressants sur cette époque. Le Nobel récompense au plus 3 chercheurs. Et, ce n'est pas la découverte elle-même qui est honorée.
Au XXIe, c'est un peu dommage...
Berkeley réplique: avec ce billet de Michael Eisen, voir aussi ce billet de N. Comfort.
Il est vrai que la manoeuvre de Lander a déterré la hache de guerre.
Etudes tronquées et spin-doctors diaboliques
Ce qui nous importe ici, c'est l'extraordinaire capacité des Spin-docteurs, auréolés de titres ronflants, à accommoder à la sauce qui les arrange. Voire d'amputer l'information à dessein.
Chez nous, ce sont les essais SMART et START, qui nous sont ressassés à toutes les sauces. Des critiques ont osé faire remarquer que la surmortalité n'avait pas eu lieu en Europe. On les réduit au silence ou marginalise.
Dans SMART, la surmortalité est concentrée aux USA (principalement cardiovasculaire, 92% des décès sont Américains pour 50% de participants !). Dans START elle n'apparait que dans les Townships d’Afrique du Sud, au système de soins défaillant: tuberculoses, suicides, homicides ! Risques inconcevables chez nous....
La géographie a un rôle plus déterminant que la stratégie de traitement. Mais chut!
On transpose, chez nous, sans vergogne, des risques qui n'existent qu'ailleurs. Diabolique...
Ceux qui ont les moyens de mener ces combats médiatiques les gagnent.
Pourtant, nos vies valent mieux que leurs profits. Nos patients méritent mieux ...
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