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2019/05/26

DTG-25 mg ep.2



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DTG-25 mg episode 2

Par Charles-Edouard!


Tu n'as que l’embarras du choix! Sur Paris, il y a pléthore:
https://charles-edouard-ma-liberte.blogspot.com/p/medecins-allegeurs.html
C'est à ce demander où on peut être assez con pour affirmer qu'Eviplera n'est pas fait pour ça: 100% de succès dans ANRS-4D, et pratique très populaire dans Paris/Marais.


Le traumatisme de la rosuvastatine multi dose


Ce billet fait suite à notre premier épisode : DTG-25 mg ep.1

Voici une histoire que tout manager en pharmaceutique se doit de connaitre. Pour obtenir 50% plus d'effet, il faut parfois doubler, tripler, quadrupler la dose. Dans les maladies chroniques, ça va augmenter sacrément le cout du traitement. Et quand il s'agit d'une manipulation métabolique sans le moindre intérêt clinique prouvé, ça risque de coincer à la FDA, à la sécu, à la mutuelle. Pour éviter qu'il n'y regarde de trop près, l'industrie a trouvé une parade: facturer le même prix quelque soit la dose. Elle augmente ses parts de marché, sans que ni sécu ni mutuelle ni patients n'y trouvent à redire...

Tant que c'est remboursé à 100%.

Pas de chance, le médoc est d'une utilité contestable et contestée. Il n'est plus remboursé que partiellement voire pas du tout... C'est le cas des statines, dont la plus puissante (personne ne dit utile) est la rosuvastatine, machin qui inhibe à fond la caisse, mais dont l'effet n'est pas à proportion de la dose. Ça inhibe plus à 40 mg qu'à 5, mais pas huit fois plus... Qu'importe, ils vont la commercialiser au même prix. On trouve les prix pratiqués aux USA, pour les différentes doses, sur ce site comparatif. On y voit que, peu ou prou, le 40 mg est au même prix que le 5 mg.

Alors qu'ont fait les petits malins ? Ils se sont fait prescrire du 40 mg et ont coupé les comprimés en 4! Et comme l'association des retraités s'en est fait l'écho, tous les retraités américains, acculés par un système inique, s'y sont mis! C'est autant de manque à gagner pour AstraZeneca: ils ont encaissé 5-7 Milliards de dollars par an, mais encrassement du prix a du leur coûter entre 500 et 800 millions par an! Quand on aime on ne compte pas, mais quand on compte, on n'aime pas!!!

Donc, multi doses, oui, à la rigueur, mais l'écrasement du prix surtout pas! Est-ce que vous comprenez la logique?

On peut proposer plusieurs doses sans écorner ses bénéfices, ce qu'il leur faut impérativement faire c'est éviter l'écrasement du prix. ViiV va s'y atteler... On voit d'ailleurs une même stratégie dose/prix dans le volet Bictégravir (Gilead). Pour comprendre combien l'extorsion est de mise dans cette industrie, il suffit de lire cet article : Decoding Big Pharma’s Secret Drug Pricing Practices

DTG et le fameux cahier des charges


La lecture du document FDA est vivement recommandée. Normalement, la FDA est sensée vous protéger. Elle doit aussi autoriser, ce qui mérite de l'être, et ne pas y passer des lustres. Il est donc assez légitime de proposer aux fabricants une méthodologie qui leur permette de préparer leur dossier au mieux pour une approbation plus rapide. Ceci dans l'intérêt aussi des utilisateurs.

Même s'il s'en défend pour des raisons de responsabilité, c'est, à notre connaissance, le seul document d'une autorité administrative, qui puisse servir de guide à l'industrie. Du coup, ce document s'établit comme seul et unique cahier des charges (CdC). Si votre dossier est satisfaisant au vu du CdC, vous êtes en position idéale pour obtenir le Saint Sésame (AMM américaine). C'est normal, après tout.

La démarche française, qui se contente de commenter après coup, est vouée à l'impasse: certes la commission de la transparence vous tapera sur les doigts, il vous en vaudra une ASMR parfois très défavorable, et ne vous en coutera que lors de la négociation économique, votre AMM vous sera attribuée néanmoins. Donc, par absence de construction, l'ANSM ne peut en aucun cas vous protéger: ils pissent dans un violon. La FDA c'est autre chose...

Le document FDA exprime les attendus, et, ces attendus reflètent l'état de l'art antérieur: il inhibe tout progrès, y compris en matière de dose. Au prétexte de vous protéger, il protège la FDA, l'industriel, au prix d'un surdosage inéluctable, car, c'est le document FDA qui commande au surdosage.

Pour être considéré digne de l'approbation FDA, la nouvelle molécules/médicament doit apporter un bénéfice anti-retroviral à 3 groupes de patients: ces groupes sont:
- patients naïf de tout traitement, sensibles
- multirésistant en impasse thérapeutique
- multirésistant avec options possibles

très précisément:

Groupe 1: Totalement sensible à tous les médicaments approuvés, traitements ou traitements antérieurs avec antécédents thérapeutiques bien documentés ne démontrant aucun échec virologique.

Groupe 2: pharmacorésistance à plusieurs médicaments et à plusieurs classes de médicaments. Impossible de construire un schéma thérapeutique capable de supprimer les ARN du VIH à des niveaux inférieurs aux limites de quantification du test.

Groupe 3: Résistance aux médicaments présente et capable de construire un schéma thérapeutique capable de supprimer les ARN du VIH à des niveaux inférieurs aux limites de quantification du test.

(d'une certaine façon les groupes 2 et 3 se confondent un peu)

En outre, la FDA n'envisage pas qu'un nouvel ARV puisse être utilisé seul. Tout cela est bien contraignant et les développeurs de DTG n'aurons d'autre choix que de s'y soumettre...
Pour s'en convaincre, prenons l'exemple d'un Absolutegravir, dont nous rappelons la définition: une molécule face à laquelle il ne se développe aucune résistance, et, ce quelque soit la dose. On utilise un Absolutegravir comme une insuline... Trop peu dosé, la CV remonte sans développer de résistance. Autrement dit la barrière à la résistance nouvelle est de hauteur infinie.

Cet Absolutegravir est une situation idéale et nous permet d'imaginer des variantes. Voici une définition pour un type de Quasi-Absolutegravir.

Sous ce QAG, et même en cas de sous dosage, il est impossible de développer une nouvelle RAM (mutation associée à une résistance); la remontée éventuelle de CV ne traduit qu'un dosage insuffisant. Par contre, il a un (petit) défaut: il existe une mutation qui le rend 100% inefficace. Cette mutation ne peut pas être acquise sous QAG mais peut avoir été acquise sous des X-gravir, antérieurs et plus faibles.

Une telle molécule serait d'un intérêt phénoménal pour le Groupe 1, mais sans intérêt aucun pour le groupe 2: ce QAG, hypothétique, ne satisfait pas au CdC de la FDA: il ne peut pas être mis sur le marché!!!

Un comble! Parce qu'il serait sacrément utile ! Mais bon, même s'il existait (et on peut même raisonnablement faire l'hypothèse qu'il existe) il marquerait, à terme, la fin des profits pour l'industriel, qui ne le proposera qu'en tout dernier ressort.

Prenons maintenant un autre QAG-2. Sous ce QAG-2, et même en cas de sous dosage, il est impossible de développer une nouvelle RAM (mutation associée à une résistance); la remontée éventuelle de CV ne traduit qu'un dosage insuffisant. Par contre, il a un (petit) défaut: il existe une mutation qui le rend 50% inefficace. Cette mutation ne peut pas être acquise sous QAG-2 mais peut avoir été acquise sous des X-gravir, antérieurs et plus faibles. Là, ce QAG-2 va répondre au CdC de la FDA : il répond aux besoins du groupe 1 mais aussi des autres groupes, même si ce n'est que partiellement. Il va passer l'examen haut-la-main. Évidemment, il faut proposer un dosage qui réponde aux besoins du groupe 2&3. C'est exactement ce que va faire l’équipe de développement: dans une présentation (voir ci contre, la source est ici), ils expliquent parfaitement ce double objectif:
La dose proposée à la FDA répond à un double objectif. Bon... On aura compris... mais quid si ce second objectif (efficacité sur les mutants résistants) ne vous concerne en rien ? Pourquoi diable prendre une dose de thérapie de secours (deuxième ligne, salvage therapy) quand vous n'êtes concernés en rien ? Pourquoi répéter à l’encan (crânement et connement) : nous sommes tous différents, si c'est pour oublier que nous appartenons soit à un groupe cible soit à l'autre et qu'on peut le savoir.

Franchement, ça vous botte de prendre la dose qui conviendrait à une patiente résistante à Genvoya ® (et encore... ça ne convient pas toujours) alors que vous n'êtes nullement concerné!

Vous voulez entrer dans le traitement avec une Pentathérapie de secours ? Non c'est ridicule... Alors pourquoi prendre une dose de DTG aussi énorme ?

On verra dans un prochain billet, comment ViiV s'y est pris pour optimiser, à vos dépens, son efficacité financière, en toute impunité...

Judiciarisation


Crises des opioïdes aux Etats-Unis : des responsables pharmaceutiques poursuivis (Le monde)

Dans l'actualité


- Plosmedecine proteste contre les essais au seul bénéfice de l'industrie et au détrment d'une saine discussion scientifique: The Ethics of Switch/Simplify in Antiretroviral Trials: Non-Inferior or Just Inferior?

- Doravirine ® n'est en définitive pas terrible: DRIVE-AHEAD Trial's results and the need of a right comparator drug.

Le génie français


Les variations Goldberg sont un hymne au silence. Les interprétations par Glenn Gould inoubliables. Insurpassables? Pas sûr... Il nous manquait une interprétation de génie, au clavecin. vous en rêviez ? S. Ross ne l'a pas fait, Jean Rondeau, si! Et vous la trouverez sur YouTube

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bon Week end, bonne bourre et pas trop de médocs ... Hein?



Les commentaires


Joelle 13 Juin 2019


Charles-Edouard! 14 Juin. 2019


Olivier 17 Juin 2019


Charles-Edouard! 18 Juin 2019