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4 sur 7 Italien

Voici une traduction complète de l'article publié en Anglais: Short-cycle therapy in HIV-infected adults: rilpivirine combination 4 days on/3 days off therapy

Au cours des dernières années, plusieurs stratégies ont été étudiées pour réduire l'exposition des patients infectés par le VIH aux antirétroviraux et d'améliorer leur adhésion au traitement et leur qualité de vie, tout en maintenant la sécurité et la suppression virologique.
Un schéma qui s'est avéré sûr et efficace est celui de l'"intermittence" ou "cycle court" (SCT). Les patients qui suivent cette stratégie prennent leurs médicaments antirétroviraux aux doses et combinaisons standard pendant un nombre limité de jours consécutifs par semaine (du lundi au jeudi) et interrompent le traitement pour le week-end (du vendredi au dimanche). La première étude à examiner l'intermittence a été l'étude FOTO (cinq jours ON, deux jours de repos), publiée en 2007, dans laquelle les chercheurs ont testé le SCT pendant 5 jours ON et 2 jours OFF chez des patients adultes traités avec des antiretroviraux.

Après une période de suivi de 48 semaines, ils ont rapporté une suppression virologique chez 26/29 patients (89,6 %), dont 100 % des patients prenant des régimes à base d'éfavirenz. La preuve la plus importante à l'appui de la GCS a été l'étude BREATHER ("BREaks in Adolescent and child THerapy using Efavirenz and two NRTIS"), une étude multicentrique, randomisée, contrôlée, ouverte et de phase 2/3, qui a démontré la non-infériorité du SCT 5 jours par semaine par rapport au schéma standard 7 jours par semaine chez 199 adolescents prenant l'efavirenz.

Cette étude a fait l'objet d'un suivi prolongé de 144 semaines et a montré que l'intermittence améliorait la tolérance et la qualité de vie des patients et réduisait le coût du TAR, sans exposer les patients à des risques accrus pour leur santé.

La justification du choix d'un traitement antirétroviral à base d'éfavirenz dans l'étude BREATHER était la longue demi-vie du médicament (40-91 h), ce qui permettait de de maintenir la suppression virale pendant la pause du week-end. Cependant, l'efavirenz n'est plus un médicament de premier choix pour le TAR, en raison de ses effets neuropsychiatriques et les nouveaux INNTI (rilpivirine et doravirine) sont maintenant recommandés. La rilpivirine a une plus faible incidence d'effets, mais elle est généralement considérée comme inadaptée à l'intermittence en raison de sa durée de vie plus courte (34-55 h) et de sa faible barrière génique.

À la suite de l'essai BREATHER, Leibowitch et al.9,10 ont publié deux études dans lesquelles ils ont testé des cycles de traitement plus courts, montrant que comment une GCS plus courte peut également être efficace chez des patients sélectionnés. [NDT: erreur : Laibowitch et al. ont publié en 2010 (FASEB-1 et 2015 FASEB-2), BREATEHR a été publié en 2016] . En particulier, dans l'étude ICCARRE ("Intermittent, in Careful short Cycles, AntiRetrovirals may Retain Efficacy"), ils ont rapporté une suppression virologique de 100% avec un traitement de 4 jours de traitement et de 3 jours de repos. Ces études, ainsi que d'autres par la suite, ont testé l'intermittence en utilisant plusieurs combinaisons médicamenteuses différentes, notamment des IP et des Inhibiteurs d'intégrase et ont rapporté une efficacité élevée, ce qui suggère que de nombreux facteurs, en plus de la demi-vie des médicaments, jouent un rôle dans le maintien de la suppression virologique pendant la période d'arret.

Compte tenu des données probantes disponibles en faveur de l'intermittence, en particulier notamment avec les régimes contenant des INNTI, et les preuves limitées de la rilpivirine dans l'intermittence, nous avons étudié l'efficacité virologique d'un schéma de 4 jours avec 3 jours de repos, avec un TAR contenant de la rilpivirine, tout en faisant une analyse pharmacocinétique pour évaluer les concentrations plasmatiques de rilpivirine.

Patients et méthodes

Conception de l'étude et population

Nous avons mené une étude monocentrique, prospective, observationnelle et de cohorte au sein de la clinique externe VIH de l'hôpital universitaire de Vérone, de février 2019 à novembre 2020. Les critères d'éligibilité étaient les suivants : âge > 18 ans; infection confirmée par le VIH-1, sous un traitement antirétroviral à trois médicaments depuis au moins 12 moiths avec une combinaison de deux INTI (soit ténofovir/emtricitabine ou abacavir/lamivudine) plus rilpivirine aux doses recommandées, sans changement de régime pendant au moins 6 mois. [En particulier, l'association ténofovir alafénamide/emtricitabine/rilpivirine était disponible sous la forme d'un comprimé unique ("Odefsey"), tandis que l'association abacavir/lamivudine /rilpivirine étaient administrés sous forme de deux comprimés séparés à prendre ensemble]; charge virale (VL) < 50 copies/mL pendant au moins 12 mois; numération des cellules CD4 > 200/lL depuis au moins 6 mois ; absence d'antécédents d'échec virologique et aucun signe antérieur de résistance génotypique à l'un des médicaments du traitement.

Les critères d'exclusion étaient les suivants : preuve antérieure de résistance génotypique à l'un des médicaments du régime et/ou des antécédents d'échec virologique avec les médicaments utilisés dans le régime du patient; pour les femmes, l'état de grossesse ou d'allaitement au moment de l'inscription ; infection chronique par le VHB ; abus actif de drogues ou d'alcool par voie intraveineuse ; et antécédents d'administration d'une chimiothérapie/radiothérapie ou d'un traitement expérimental dans les 12 semaines précédant l'inscription.

Intervention

Avant l'inscription, les dossiers des patients ont été soigneusement examinés afin d'identifier la présence de critères d'exclusion potentiels. Test génotypique de résistance, sérologie VHB, analyses sanguines standard, numération des lymphocytes VL et CD4, pour tous les patients suivis dans notre clinique et les informations concernant leur traitement sont enregistrées à chaque visite. Les patients dont la suppression virologique est stable sont généralement suivis par des tests sanguins et des visites tous les 4 à 6 mois.

Après avoir obtenu leur consentement éclairé écrit, les patients éligibles ont commencé une SCT de 4 jours consécutifs sous traitement (du lundi au jeudi) et 3 jours de repos (du vendredi au dimanche). Pendant la période d'étude, des analyses de sang et une évaluation clinique ont été effectuées aux semaines 4, 8, 12, 24, 36 et 48.

Les analyses sanguines étaient toujours prévues à la fin de la période de repos de 3 jours et comprenaient la CV (test COBAS AmpliPrep/COBAS TaqMan HIV-1), les lymphocytes CD4 ! et CD8 ! CD8 !, numération des cellules sanguines, créatinine, phosphate, bilirubine sériques, cholestérol HDL et LDL, triglycérides, glucose et transaminases. Les concentrations plasmatiques de rilpivirine ont été évaluées aux semaines 4, 8, 12 et 24 à l'aide d'une méthode de spectrométrie de masse en tandem par chromatographie en phase liquide couplée à l'ionisation à la pression atmosphérique tandem (LC-MS/MS), le seuil minimal de détectabilité de la méthode étant de 5 ng/mL. Un test de génotype de résistance aux médicaments n'a été effectué qu'en cas d'échec virologique (voir définition ci-dessous). Tous les tests de laboratoire ont été effectués à l'hôpital universitaire de Vérone.

La satisfaction et la qualité de vie des patients ont été évaluées à la semaine 24 à l'aide du questionnaire HIVTSQs. le questionnaire HIVTSQs, qui comprend 10 questions, avec un score variant de 0 à 6 pour chaque question (0 à 60 points au total).13 Les effets secondaires potentiels ont été identifiés par un suivi clinique de la perception des effets secondaires secondaires potentiels ont été identifiés par un suivi clinique des symptômes perçus et des des modifications des valeurs sériques.

Les patients étaient autorisés à revenir au régime standard à tout moment en cas d'événements indésirables ou de grossesse, en raison de leurs préférences personnelles ou sur la base de la décision de l'investigateur. Le retour au régime standard régime standard en l'absence d'effets indésirables ou d'échec virologique n'était pas n'était pas considéré comme un échec de la stratégie.

Résultats

Notre principal résultat était de calculer le taux de suppression virologique à la semaine 48, définie comme étant CV <50 copies/mL. Si le CV était >50 copies/mL, une nouvelle analyse a été effectuée après 4 semaines. Dans le cas d'une CV persistant > 50 copies, on classe comme un échec virologique, sinon, on classe comme un "blip". Le "taux de réussite global", défini comme le nombre de patients qui sont restés sous intermittance à la semaine 48, sans repasser à un traitement continu pour quelque raison que ce soit, a également été calculé.

Les résultats secondaires consistaient à évaluer l'évolution du nombre de cellules CD4 et du rapport CD4/CD8 , de la concentration sérique de la rilpivirine, de la survenue d'événements indésirables (auto-déclarés et basés sur des changements significatifs de la créatinine sérique, du taux d'hémoglobine et de la concentration sérique de la rilpivirine). significatives de la créatinine sérique, des transaminases ou de tout autre paramètre sanguin) et l'apparition de résistances en cas d'échec et d'évaluer la satisfaction et la qualité de vie des patients à la semaine 24.

Collecte et analyse des données

Les données ont été recueillies dans une base de données électronique, protégée par un mot de passe et consultable uniquement par les enquêteurs qui ont recueilli et analysé les données. Une autre base de données, ne comprenant pas de des patients, a été créée à partir de la première et mise à la disposition de tous les autres pour l'analyse statistique. Les données démographiques et cliniques des patients ont été analysées de manière descriptive, les variables continues ont été décrites par la moyenne, la médiane et l'étendue, tandis que les variables discrètes ont été décrites par des fréquences et des pourcentages. Les changements dans les variables continues (par exemple, le nombre de cellules CD4) ont été évalués à l'aide du test t de Student pour les données appariées. La signification statistique a été confirmée avec P < 0.05

Aspects éthiques

Le protocole de l'étude a été soumis au Centre de Recherche Clinique de l'Hôpital Uiversitaire de Vérone et approuvé par le comité d'éthique local (numéro d'approbation 19488).

Résultats

Caractéristiques de base

Les caractéristiques de base des patients sont présentées dans le tableau 1. Trente-trois patients ont été inclus ; l'âge médian était de 48 ans et 28 % des patients étaient des hommes.

Presque tous les patients (32/33, 96,9 %) étaient de type Européen ; un était de type Africain. Au moment de l'inscription, le nombre médian d'années écoulées depuis le diagnostic du VIH était de 4 (fourchette = 1-26). et la durée médiane de la suppression virologique était également de 4 ans (intervalle = 1-6). Lors de l'inscription à notre étude, tous les patients suivaient un TAR contenant de la rilpivirine (87,9 % en association avec ténofovir alafénamide/emtricitabine et 12,1 % avec abacavir/lamivudine) et le nombre de traitements antirétroviraux avant le passage à la rilpivirine variait de 0 à 6 (médiane = 1). Le nombre moyen de cellules CD4 était de 770/mm3, avec un rapport CD4/CD8 de 0,94. Deux patients ayant déjà été infectés par le VHC et traités avec succès présentaient un ARN VHC négatif stable.

Résultats virologiques et immunologiques

A la semaine 48 après la mise en place de l'intermittence en Cycles Court, aucun échec virologique n'est survenu et 30 patients ont maintenu une suppression virologique et 30 patients ont maintenu une suppression virologique. Trois patients sont revenus à un traitement antirétroviral continu, l'un en semaine 4 parce qu'il était inquiet de la possibilité de transmettre le VIH à son partenaire séronégatif, un autre (à la semaine 4) parce qu'il avait peur d'oublier de prendre son traitement en raison de son quotidien irrégulier. et le troisième est repassé en traitement continu après un pic viral (134 copies/mL à la semaine 36), parce qu'on soupçonnait que son adhésion au traitement était sous-optimale (il ne se rendait pas non plus régulièrement aux visites de contrôle prévues). Ce dernier patient a atteint une re-suppression virale rapide 4 semaines après le changement.

Deux autres blips viraux ont été signalés chez deux patients différents, l'un avec un VL de 50 copies/mL à la semaine 24 et l'autre avec un VL de 56 copies/mL à la semaine 48. Les deux patients ont retrouvé un VL < 50 copies/mL après 4 semaines, sous intermittence en Cycle Court, sans changement de traitement.

Par conséquent, le taux de suppression virologique était de 30/30 (100 %, IC 95 % = 100 %), tandis que le taux de réussite global du schéma de Cycle Court était de 30/33 (90,9 %, IC À 95 % = 81,24 %-100 %). Aucun événement indésirable grave n'a été signalé au cours de l'étude. En excluant les trois patients qui ont quitté le programme, le nombre moyen de cellules CD4 et le rapport moyen CD4 /CD8 ont tous deux augmenté pendant la période d'étude, avec un changement moyen des CD4 entre l'inscription et la semaine 48 de 64 cellules/mm3 (IC 95 % = #59 à 187 cellules/mm3); P = 0,052) et une variation moyenne CD4/CD8 de 0,06 au cours de la même période (IC à 95 % = #0,23 à 0,35 ; P = 0,039).

Données pharmacologiques

Nous avons obtenu 115 échantillons pour la quantification de la concentration de rilpivirine (les données sont présentées dans le tableau 2). Tous les échantillons ont été obtenus après les 3 jours d'arrêt du traitement (plus de 72 h après la dernière dose), juste avant l'administration du traitement, l'objectif étant d'identifier la concentration quantifiable la plus faible possible. La concentration moyenne mesurée dans tous les échantillons était de 40,30 ng/mL (IQR = 0-60,35 ng/mL) et a augmenté depuis les premières déterminations (semaines 4 et 8) jusqu'aux dernières déterminations (semaines 12 et 24). Globalement, la concentration plasmatique de rilpivirine était inférieure au seuil d'efficacité de 50 ng/mL dans 82/115 échantillons (71,3 %) et inférieure à la concentration inhibitrice à 90 % (CI90) de 12 ng/mL dans 43/115 échantillons (37,4 %).

Satisfaction des patients

La satisfaction des patients a été mesurée à l'aide du questionnaire HIVTSQs, qui comprend 10 questions, avec un score variant de 0 à 6 pour chaque question (0 à 60 points au total). Ce questionnaire a été remis aux patients à la semaine 24, afin d'évaluer la satisfaction après une longue période d'intermittence. Les patients qui ont quitté l'étude avant la semaine 24 n'ont pas rempli le questionnaire, par conséquent seules les données de 30 patients sont disponibles. Le score total moyen était de 57,7/60 (96,22%). Les questions qui ont obtenu les scores les plus bas sont la question 6 ("Quelle est la souplesse de votre traitement ? votre traitement récemment ?"), avec un score moyen de 5,26/6 et la question 7 ("Dans quelle mesure êtes-vous satisfait de votre votre compréhension de votre VIH ?"), avec un score moyen de 5,33/6. En revanche, les questions qui ont obtenu les scores les plus élevés sont la question 4 ("Dans quelle mesure êtes-vous satisfait des exigences de votre traitement actuel ?"), avec un score moyen de 5,97/6, et la question ("Dans quelle mesure êtes-vous satisfait(e) de la manière dont le traitement s'adapte à votre style de vie ? votre style de vie ?"), avec un score moyen de 5,87/6.

Discussion


Efficacité de la GCS et échecs virologiques

Dans cette étude d'une intermittence en Cycle Court de 4 jours et 3 jours de repos chez 33 patients adultes adultes recevant un traitement antirétroviral contenant de la rilpivirine, aucune défaillance virologique n'a été observé à la semaine 48. Cinq études publiées et un essai en cours ont porté sur ces sujets (4 days on/3 days off). La première, réalisée par Rudy et al. (2009) a fait état de 12/32 rebonds viraux dans une cohorte d'adolescents suivis pendant 48 semaines. Cette étude s'est concentrée sur les régimes à base d'IP, excluant les INNTI, NNRTI, et certains auteurs ont souligné que les raisons d'un tel résultat sous-optimal étaient peut-être la courte demi-vie des PIs, ainsi que la population particulière de l'étude (des adolescents avec une un long historique de traitement antirétroviral, certains présentant de nombreuses mutations de résistance).

Cependant, une demi-vie plus longue n'est peut-être pas la seule explication du succès du Cycle Court à base d'INNTI par rapport à celle à base d'IP ou d'INI, comme l'ont montré deux autres études dans lesquelles les patients recevaient des combinaisons contenant des INNTI et des IP, et dans lesquelles un taux de réussite de 100 % avec une GCS de 4 jours ON/ 3 jours OFF a été obtenu chez 48 et 96 patients, respectivement. Dans ces deux études, des rebonds viraux n'ont été signalés qu'avec des régimes plus courts (3 jours par semaine ou 2 jours par semaine) et avec des doses réduites de médicaments. Une autre étude soutenant la mise en œuvre du Cycle Court en utilisant des médicaments ayant une demi-vie plus courte a été récemment publiée par Calin et al qui se sont concentrés exclusivement sur les combinaisons à base d'inhibiteurs d'intégrase, obtenant un taux de réussite de 100 % dans une cohorte de 28 patients sous 4 jours on/3 jours off, suivis pendant 48 semaines.

Si l'on considère que nous avons recruté des patients avec des régimes contenant de la rilpivirine, nos résultats sont comparables à ceux rapportés dans l'étude ANRS-162-4D, dans laquelle, sur 100 patients passés en Cycle Court, 26 ont été traités avec des régimes contenant de la rilpivirine et, dans cette sous-cohorte, aucun échec n'a été constaté sur une période d'étude de 48 semaines. Dans cette étude, la valeur moyenne de la concentration plasmatique de rilpivirine après l'interruption de 3 jours était de 39 ng/mL, similaire à la nôtre de 43 ng/mL.

La notion selon laquelle une concentration minimale de rilpivirine de 50 ng/mL doit être maintenue pour augmenter la probabilité d'une réponse thérapeutique découle des études cliniques de phase III ECHO et THRIVE, dans lesquelles, chez les patients dont la CV de départ était inférieure à 100 000 copies/mL, une Cmin inférieure à 44 ng/mL (quartile 1) était associée à deux fois plus d'échecs virologiques qu'une Cmin supérieure à 123 ng/mL (quartile 3). Cette cible cliniquement établie est est considérée comme plus appropriée que la CI90 pour la croissance virale virale ajustée en fonction de la concentration protéique (12 ng/mL). Dans notre cohorte, non seulement la concentration moyenne de rilpivirine était inférieure à 50 ng/mL, mais 70 % de nos échantillons étaient également en dessous de cette concentration. En outre, 36 % de nos échantillons étaient inférieurs au seuil de la CI90. Le fait que la suppression virale in vivo ne corresponde pas nécessairement à la CI90 a déjà été documenté et nos données suggèrent que la suppression virologique peut être peut être maintenue chez des patients présentant une suppression virologique antérieure à long terme malgré des concentrations de rilpivirine inférieures au seuil d'efficacité communément utilisé.

Cependant, les conséquences virologiques à long terme des niveaux suboptimaux de médicament restent inconnues. Les résultats de l'étude ANRS 162 4D ont conduit à la réalisation d'une étude de non-infériorité multicentrique de plus grande envergure, à savoir l'étude ANRS 170 QUATUOR 4/7, visant à démontrer la non-infériorité de la stratégie 4 jours on/3 jours off chez une grande cohorte de patients ayant reçu différents régimes de traitement antirétroviral sur une période de suivi de plus de 96 semaines. L'essai a été enregistré en 2017 et ses résultats préliminaires ont été présentés à l'IAS 201920, confirmant la non-infériorité de la stratégie 4/7 dans une cohorte de plus de 600 patients, avec un taux de réussite du traitement de 95,6 % à 48 semaines de suivi.

L'explication du succès de la stratégie en Cycle Court a été bien décrite par Leibowitch et al. dans le cadre du projet ICCARRE.

Le rebond du VIH est observé après une phase d'éclipse de 1 à 7 jours, voire plus, après l'interruption d'un traitement efficace, ce qui est particulièrement évident chez les patients ayant une longue histoire de suppression virologique, dont la CV est réduite et dont le système lymphoïde est moins activé et moins favorable à la réplication du VIH. Dans ces conditions, des concentrations plus faibles d'antirétroviraux sont efficaces pour contrôler la réplication virale. Les études de Leibowitch et al. ont soutenu la stratégie 4/7 par rapport à des schémas plus courts comme une en tant que stratégie plus largement efficace, en faisant valoir que les stratégies plus courtes pourraient être efficaces uniquement pour certains patients. Les deux épisodes viraux observés dans notre cohorte sont similaires à ceux observés dans d'autres études sur le Cycle Court et au taux de blips observés dans le schéma de traitement régulier de 7 jours par semaine.

Résistance et mutations

Cinq études publiées sur le Cycle Court comprenaient une analyse de la résistance génotypique nouvellement acquise en cas d'échec virologique et démontré que de nouvelles mutations sont plus fréquemment trouvées dans les échecs des régimes à faible barrière génétique, tels que les combinaisons raltégravir.

Par exemple, dans l'étude observationnelle de Calin et al, où le Cycle Court a été appliqué à des régimes contenant des INSTI, une résistance nouvellement acquise (N155H, une mutation qui confère une résistance de haut niveau) a été identifiée chez un patient traité par raltégravir (abacavir/lamivir), tandis que dans le seul autre échec rapporté (chez un patient traité par abacavir/emtricitabine/dolutegravir), aucune mutation nouvellement acquise n'a été détectée.

Si l'on se concentre spécifiquement sur les strategies en Cycle Court contenant de la rilpivirine, la seule étude qui a rapporté des mutations nouvellement acquises dans les cas d'échec est QUATUOR 4/7. Dans cet essai, parmi les six patients qui ont eu un échec virologique, trois étaient sous des régimes contenant de la rilpivirine (tous sous fumarate de ténofovir disoproxil/emtricitabine/rilpivirine) et, parmi ceux-ci deux d'entre eux ont développé des mutations (M184I, E138K et Y188L chez un patient et M184V, E138K et Y188L chez un autre), tandis qu'un autre n'a acquis aucune mutation. Par conséquent, un seul patient développé une résistance de haut niveau aux INNTI (Y188L), tandis que l'autre patient avait une mutation de résistance de faible niveau (V179I). Parmi les trois autres patients qui ont échoué, l'un d'entre eux était sous raltégravir (abacavir/lamivudine/ raltégravir) et a acquis M184I et N155H, et deux étaient sous tenofovir alafenamide/emtricitabine/elvitegravir/cobicistat et n'ont pas acquis de nouvelles mutations.

Notamment, dans le groupe témoin de cet essai, sur les quatre patients qui ont subi un échec virologique, trois étaient sous rilpivirine, dont l'un (en traitement continu par abacavir/lamivudine/rilpivirine) a développé une mutation de résistance à la rilpivirine (K101E). De plus, dans les deux autres essais contrôlés randomisés publiés sur le Cycle Court (BREATHER2,3 et l'étude de Reynolds et al.), le taux de mutations ne différait pas entre le Cycle Court et le traitement continu, ce qui suggère que le type de médicaments, plutôt que le schéma plus court, peut être la cause de l'échec. En conclusion, les combinaisons incluant une barrière génétique élevée (par exemple, le dolutégravir) pourraient être plus appropriées pour le Cycle Court afin de prévenir l'émergence de nouvelles mutations en cas d'échec virologique.

Satisfaction des patients

Nos données issues du questionnaire HIVTSQs suggèrent que le Cycle Court est perçu comme ayant un impact positif sur le mode de vie des patients et n'est pas considérée comme un schéma thérapeutique très exigeant. Cela confirme ce qui a été rapporté dans la sous-étude qualitative BREATHER sur l'acceptabilité du Cycle Court pour les jeunes, où le Cycle Court a été décrit de manière positive sur la pression exercée par le transport et la mémorisation des médicaments et permettant des activités sociales plus nombreuses le week-end.

Limites et perspectives d'avenir

Notre étude, comme d'autres études publiées précédemment trouve ses principales limites sont sa conception non comparative et le petit nombre de patients suivis sur une période de suivi relativement courte. Une étude multicentrique de plus grande envergure avec un suivi plus long (comme l'étude QUATUOR 4/719,20 mentionnée ci-dessus) peut fournir des données plus solides sur l'efficacité et la sécurité du Cycle Court.

Contrairement à d'autres études, la nôtre ne comportait pas d'outil systématique pour mesurer l'adhésion des patients au traitement. Par conséquent, nous ne pouvons pas être certains que les patients ont repris leur traitement de manière systématique après l'interruption de 3 jours ou que le Cycle Court a perturbé leur routine de traitement, entraînant l'oubli de doses. Cependant, dans les études précédentes sur le SCT qui incluaient une analyse de l'adhésion, le niveau élevé d'appréciation du programme était lié à une meilleure adhésion des patients. Le rôle futur du Cycle Court à l'ère des combinaisons à comprimé unique et de la bithérapie très efficaces reste à déterminer.

Nous pensons qu'il pourrait représenter une alternative précieuse dans l'optimisation du traitement pour certains patients. Les patients jeunes et las des pilules pourraient être ceux qui apprécieront d'avoir des week-ends sans traitement et le Cycle Court pourrait améliorer leur adhésion au TAR.

Financement

Cette étude a été réalisée dans le cadre de l'activité clinique de routine du département des maladies infectieuses de l'hôpital universitaire de Vérone.

Déclarations de transparence

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